Une stratégie nationale de lutte contre le gaspillage alimentaire verra le jour d’ici septembre 2025, lancée par l’Institut national de la consommation (INC), en collaboration avec les ministères concernés (commerce, agriculture, industrie, etc.), a annoncé vendredi Mohamed Chokri Rejeb, directeur général de l’INC, lors d’une journée d’information intitulée “Le gaspillage alimentaire en Tunisie : enjeux, solutions et actions collectives”.
Cette stratégie se concentrera sur plusieurs axes essentiels : sensibiliser le public aux impacts socio-économiques et environnementaux du gaspillage alimentaire, impliquer toutes les parties prenantes — qu’il s’agisse des consommateurs, des industriels, des hôteliers, des restaurateurs ou de la société civile — dans la lutte contre ce phénomène, intégrer la gestion des ressources alimentaires dans les programmes éducatifs, et mettre en place un cadre réglementaire spécifique.
Un plan d’action détaillant les responsabilités de chaque acteur sera également mis en place, a précisé M. Rejeb, soulignant que cette initiative est menée en partenariat avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
La journée organisée à Tunis marque ainsi le lancement de l’élaboration de cette stratégie, et vise à recueillir les propositions et recommandations des différents intervenants.
De son côté, Lamia Abroug, Cheffe de cabinet du ministre du Commerce et du Développement des Exportations, a souligné l’importance de cette stratégie, surtout face aux résultats mitigés des efforts précédents pour lutter contre le gaspillage alimentaire. “La lutte contre ce phénomène n’est plus une option, mais une nécessité”, a-t-elle affirmé, insistant sur la nécessité d’un changement radical dans les comportements de consommation face aux lourdes conséquences du gaspillage alimentaire, notamment la
surexploitation des ressources naturelles, l’épuisement des ressources en eau et l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre.
Selon Zoubeir Rebah, directeur des études et enquêtes à l’INC, le gaspillage alimentaire dans les foyers tunisiens représente 5 % des dépenses alimentaires, soit 910 millions de dinars en 2021. Les principaux aliments gaspillés sont le pain (16 % des quantités consommées), les produits céréaliers (10 %) et les légumes (7 %).
Le gaspillage alimentaire constitue un défi majeur à l’échelle mondiale, mais également au niveau national, notamment en Tunisie, où une grande quantité de nourriture est perdue ou gaspillée à chaque étape de la chaîne de valeur alimentaire. En 2011,
l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) estimait qu’environ un tiers des aliments produits dans le monde étaient perdus ou gaspillés.
En Tunisie, ce phénomène est exacerbé par plusieurs facteurs, tels que des pratiques de consommation non durables, un manque de sensibilisation à la gestion des ressources alimentaires, ainsi que des défaillances dans la chaîne de distribution et de consommation.
